L’avenir des grandes écoles est-il dans le metavers ?

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L’avenir des Grandes écoles est-il dans le métavers ?

Suite à un colloque de la CGE organisé sur le sujet, j’ai recueilli quelques impressions.

Quelques-uns pensent que le métavers est considéré comme la prochaine phase de l’évolution humaine et va se diffuser dans le monde de l’art, du commerce, du sport, du jeu, de la formation, … Le cyberespace immersif ne serait plus de la science-fiction.
D’autres restent beaucoup plus sceptique et ne voient pas pour le moment de grandes évolutions. « Second live » a déjà été un échec quinze ans plus tôt.

Le terme « metavers » est un mot-valise formé à partir des mots « métaphysique » et « univers ».

Pour le moment, il n’y a pas encore de définition précise ou unique du métavers.
Il peut cependant être défini comme : un monde virtuel qui sera utilisé pour décrire une version future d’Internet où des espaces virtuels, persistants et partagés sont accessibles via interaction 3D ou 2D en visioconférence.
Une autre définition conçoit le métavers comme l’ensemble des mondes virtuels connectés à Internet, lesquels sont perçus en réalité augmentée.

Souvent on pense que le metavers a forcément besoin de casque de réalité virtuelle pour être utilisé car nous l’associons bien souvent à l’expérience metaverse de Meta/Facebook (qui a engagé plus de 10 milliards de dollar pour développer son produit). Pourtant d’autres solutions sont accessibles avec ou sans casque VR.

Les déboires du metavers de Meta/Facebook, nous font penser que cette invention est pour le moment un échec, ou qu’il a du mal à trouver ses marques et ses utilisateurs. Beaucoup d’autres metavers sont des succès, et notamment dans le monde des jeux vidéo : un jeu comme Fornite peut être considéré comme un metavers.

Aujourd’hui, avec toutes les technologies associés au WEB3 (NFT, cryto-monnaie, wallet,… ), les devices technologiques (casque VR, lunette connectée) et les plateformes de monde virtuel, tout est réuni pour créer une révolution de l’internet.

Que penser du métavers dans le monde de l’enseignement et de la formation ? Pour le moment quelques écoles, surtout de commerce ont essayé de mettre en place des plateformes de « campus numérique » avec un certain succès pendant la période de la pandémie. Aujourd’hui plus de 200 plateformes logicielles à usage varié existent et commencent à se positionner.

Quand on teste certains de ces outils, on s’aperçoit que cela peut être une alternative au logiciel de visio-conférence classique. On se crée et on se déplace à l’aide d’un avatar dans un campus virtuel. L’apprenant peut donc se déplacer lui-même dans ce monde comme dans un jeu vidéo et se positionner dans des salles différentes (amphi avec de nombreuses personnes connectées ou salles de petit groupe ou même hall d’accueil ou bureau) et assister en fonction de sa situation et de ses accès, à une conférence, un travail en groupe ou un entretien. Le grand changement est sans soute la notion de monde « persistant ». Quand on quitte une visioconférence sur zoom, elle « disparait », alors que dans une solution de métavers, nous pouvons quitter et revenir : une heure, un jour ou une semaine plus tard, l’apprenant retrouvera son environnement virtuel à tous moments simplement pour se balader et discuter dans le hall d’accueil avec un autre élève ou assister à un cours.

Sur le design des solutions, il y a deux écoles : certains disent qu’il faudrait refaire le campus physique de l’école à l’identique et avoir un avatar qui nous ressemble. D’autres disent, puisque tout est possible dans le monde virtuel, autant se mouvoir dans un monde numérique imaginaire et créatif et se faire représenter par un avatar féérique ou historique. Il serait prouvé que l’on serait plus inventif si on choisit un avatar à l’effigie de Léonard de Vinci …

Le test de ces plateformes de monde virtuel montre qu’il manque encore de situations d’apprentissage engageantes. Une fois dans la plateforme avec notre avatar, le monde numérique qu’on nous propose est attrayant, les déplacements sont fluides et l’expérience est nouvelle par rapport à un logiciel de visioconférence classique. Pourtant au bout d’un moment on s’aperçoit que les mêmes fonctionnalités sont utilisées, c’est-à-dire diffuser ou regarder une présentation PowerPoint, et écouter ou échanger avec un orateur.
Les notions de groupe et d’espace sont par contre beaucoup plus engageantes car l’apprenant choisit de lui-même d’aller dans une salle ou une autre pour participer à diverses situations d’apprentissage en fonction du scénario pédagogique de l’enseignant.
Il faudra certainement s’approprier ces nouveaux outils et réinventer nos scénarios d’apprentissage car dans quelques temps ces plateformes vont proposer de nombreuses autres possibilités.

Aujourd’hui, ces plateformes de mondes virtuels sont plutôt utilisées pour mettre en place des évènements ponctuels, comme de JPO, des journées de recrutement ou de communication.

Pour ma part, je pense que les plateformes de metavers vont arriver en force car elles sont sans doute un prolongement logique et évolutive des interfaces des logiciels d’aujourd’hui. Le pointeur de la souris pourrait être remplacé par un avatar qui se déplace dans un environnement 3D

Il y aura certainement des freins à son développement comme l’impact environnemental des flux numériques, et également toutes les questions que soulèveront l’existence d’un « second moi ».